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16 juin 2013

Prechis vouos nouormand ?




   Ah bon ? Le normand, c’est une langue ?
   Eh oui ! D’autant plus méconnue qu’elle est importante pour la compréhension de la langue française !

Longtemps relégué dans la case « patois », méprisé, combattu, le normand bénéficie pourtant de l’intérêt d’éminents linguistes. Il est même enseigné à l’université !
C’est, il faut bien le dire, une langue en situation précaire. Il ne se pratique plus que dans un environnement familial ou privé, dans quelques lieux tels que le Cotentin, les îles de la Manche et le Pays de Caux. Des associations culturelles essaient très activement de promouvoir son rayonnement. Des locuteurs et des chanteurs produisent à nouveau des œuvres. Un travail de collecte permet de retrouver des textes oubliés, d’enrichir le vocabulaire et de publier des dictionnaires. Il faut ici préciser que c’est une langue riche et savoureuse. Elle mérite impérativement d’être sortie de l’oubli, cela d’autant plus que de nombreux normands la pratiquent plus ou moins sans le savoir.
Ainsi, la publication de petits textes en normand de forme bocaine vient précisément de participer à cette tâche. Ils sont plus faciles à comprendre pour les néophites, et permettent de se familiariser avec un langage que l’on pratiquait déjà voici près de mille ans.

Des racines anciennes

Le premier texte en normand connu remonte au XIe siècle. Il s’agit de La chanson de Roland, rédigé peu après la mort de Guillaume le Conquérant par un certain Turold, probablement moine en l’abbaye Saint-Michel du Mont. Plus tard, au XIIe siècle, apparaissent les écrits de Wace de Jersei, quasiment contemporains des délicieux lais de Marie de France dont le normand est supposé des marches de l’est du duché. Dans ces années, le royaume anglo-normand bénéficie, grâce au soutien de la reine Aliénor et du roi Henri, d’un rayonnement culturel intense. Il permettra d’enrichir l’anglais de 10000 mots jusqu’au XVe siècle (cf Mari Jones). Par exemple, boutèle a fait bottle, pouquette a fait pocket, cât est resté cat.
Par ailleurs, il contribuera fortement, au sein de la famille des langues d’oïl, à la formation du français moderne et c’est un Normand fameux, le Caennais François de Malherbe, qui donnera sa cohérence au nouveau langage commun des Français. Elle était nécessaire à la compréhension de ce melting pot.
Depuis, tant aux XVe et XVIe siècles qu’aux XIXe et XXe, une production littéraire est assurée par des auteurs de talent. Citons notamment Côtil-Capel, et André Louis pour son roman Zabeth à la richesse linguistique incomparable (il est difficile à traduire en français tant les mots portent des sentiments subtils).

L’enseignement du normand

L’université de Caen assure depuis de nombreuses années l’enseignement du normand. L’un de ses grands spécialistes fut René Lepelley. La formation débouche sur le Diplôme d’Université d’Etudes Normandes.
Outre Manche, on l’enseigne à l’université de Cambridge sous l’autorité de Mari Jones, une Galloise à présent meilleure spécialiste du normand. Celle-ci nous assure que sa connaissance est indispensable à la juste compréhension de la langue anglaise.
Au cours de la formation, les formes de la langue normande sont expliquées. Suivant qu’on la pratique en Cotentin, dans les pays Bocains, les îles de la Manche ou le Pays de Caux, des nuances importantes apparaissent. On en remarque surtout de part et d’autre d’une ligne horizontale définie par le linguiste Charles Joret séparant le nord et le sud. La plus importante concerne le chuintement. On dit chat au sud et cât au nord.
En dehors de la grande terre, ainsi que l’on dit dans les îles de la Manche à propos de la Normandie continentale, on pratique évidemment le normand tant à Jersey, Serq et Guernesey. Malheureusement, il a totalement disparu d’Aurigny, l’île ayant été totalement vidée de ses habitants dans les années 40. Aujourd’hui, ses nouveaux habitants sont tous d’origine anglaise.
Il existe enfin des réminiscences du normand dans le franco-québécois, 50% de ses locuteurs étant descendant de colons venus de Normandie, notamment de la région de Dieppe et du Perche.

Modestement, le normand rayonne encore un peu grâce aux associations culturelles, aux groupes folkloriques et grâce à des manifestations telles que l’assembliaèe es nouormands. Il rayonne enfin grâce à ses conteurs et ses chanteurs. En s’appuyant sur Internet, ils parviennent à toucher de nouveaux fans.

Pour en savoir plus : cliquez ici
Voir Magène

Note : Gâs d’Falaise est un petit conte aux dialogues en normand. Thôphile à Rome est totalement en normand bocain. Ce texte a été recueilli à Saint Cornier des landes, à proximité de Flers dans l’Orne. On peut les télécharger gracieusement.

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